A propos des émissions d'enquête tournées en caméra cachée, le Dr Pradines d'Albi a écrit un communiqué de presse le 2 novembre. A lire sur le site Albi Gériatrie à l'adresse : http://www.geriatrie-albi.fr/ (Nouveautés sur le site / le 2 novembre 2008)
Vu du côté d'une famille, ces émissions suscitent à chaque fois l'espoir que la prise de conscience, proclamée au plus haut niveau de l'Etat, de la nécessité d'affecter au soin des personnes fragilisées par la maladie d'Alzheimer du personnel spécialement formé et en nombre suffisant, se traduise enfin sur le terrain par un ratio suffisant de personnel convenablement formé. On en est loin.
Et chaque fois revient maintenant la lassitude devant l'effet pervers de ces dénonciations d'horreurs : là où l'on ne maltraite pas activement les résidants, administration et soignants se félicitent volontiers de ce qu'"on ne verrait jamais ça dans l'établissement", et s'exonèrent du même coup de l'obligation d'améliorer ce qui devrait et pourrait l'être. "Comme d’habitude, exacerber l’horreur chez l’autre nous déculpabilise en venant masquer nos propres maladresses." (Thierry Tournebise, http://www.maieusthesie.com/index.htm)
Dans l'émission de France 2 programmée le 22 octobre 2008, j'ai reconnu plusieurs situations que nous avons souvent vécues, même si nous n'avons assisté à rien d'aussi choquant que ce que l'on peut filmer en caméra cachée ...
L'évitement mentionné pendant le débat, le personnel qui se défausse ou refuse de répondre, parfois en arguant du secret médical (je ne sais pas, je n'étais pas là, il faut demander à X, Y ou Z, c'est les autres qui..., etc.) : cela reste un comportement courant, avec quelques exceptions notables.
Le sempiternel refrain sur l'absence des familles m'agace : même si les familles sont très présentes, elles ne peuvent évidemment pas être là tout le temps, et sûrement pas la nuit !
Le signalement à la DDASS présenté comme un recours : laissez-moi rire (jaune) ! Le signalement est possible et nécessaire en cas de maltraitance flagrante (violences, menaces, injures), or cette maltraitance-là se passe plutôt sans témoin extérieur. Mais que faire contre la "maltraitance douce" quotidienne, celle qu'on inflige en parfaite bonne conscience puisqu'elle correspond à un protocole (couches systématiques et non-accompagnement aux WC, interdiction de marcher, repas servis froids et expédiés en 10mn, délaissement, etc. ) ?
Alors, amis lecteurs, lisez aussi la réaction à l'émission d'Anne Perraut Soliveres, infirmière de nuit, et son article intitulé "Quand la maltraitance se fait institutionnelle" , sur
http://infirmiere.blogs.liberation.fr/anne_perraut_soliveres/2008/10/il-faut-vaccine.html . Cet article date de 2002, mais il est hélas toujours d'actualité, tant les choses bougent peu, ou lentement, sur le terrain.
<filledAlzheimer> le 05/12/2008